jeudi 19 novembre 2009

Philip Kerr : La trilogie berlinoise

La trilogie berlinoise regroupe trois romans de l’auteur écossais Philip Kerr qui ont été publiés il y a maintenant une vingtaine d’années. Une belle initiative qui permettra à de nombreux lecteurs qui, comme moi, n’en avaient jamais entendu parler, de les découvrir.

Ces romans mettent en vedette le détective privé Bernie Gunther, dans le décor de l’Allemagne de l’avant-guerre et de l’après-guerre. En effet, les deux premiers romans se déroulent en 1936 et 1938, au moment de la prise de tous les pouvoirs par les Nazis, et le dernier se passe en 1947, dans une Allemagne dévastée, alors que les armées et les services secrets étatsuniens, britanniques et les russes rivalisent pour s’approprier ce qu’il reste de ruines. Ces trois romans constituent un tout puisque certaines intrigues et certains personnages sont récurrents.

Le décor historique est l’élément le plus fascinant de ces romans. On constate que l’auteur a fait une recherche approfondie pour nous faire découvrir la vie à Berlin lors de ces moments troubles de l’histoire. On y voit, avant la guerre, la montée de l’antisémitisme, les meurtres en coulisse pour éliminer les ennemis du nazisme, le nationalisme fanatique de certains Allemands, et la peur qui est omniprésente. Après la guerre, l’Allemagne est sous l’emprise des vainqueurs qui sont à la chasse aux nazis, aux cerveaux et aux documents. La guerre froide entre l’Union soviétique et les États-Unis s’installe petit à petit. Les clubs, les bars et les bordels sont fréquentés par les militaires en quête de plaisir. Et, surtout, les jeux de coulisses sont omniprésents.

Il n’est donc pas facile de mener des enquêtes dans ce monde de suspicions et de traitrises, d’autant plus que Bernie Gunther n’aime pas les Nazis, ni les Russes, ni les Étatsuniens, au point d’être parfois insolent et, ainsi, de risquer la prison ou, pire, l’exécution sommaire. Par contre, comme ses grands talents de limier sont reconnus, il bénéficie parfois de la protection de personnalités influentes qui ont besoin de ses services. À noter d’ailleurs que certains personnages du roman ont réellement existé, comme Heydrich, Himmler et Goering.

Gunther doit donc trouver la vérité dans une société où même ton meilleur ami peut te trahir, où la corruption et le trafic sont omniprésents, où chaque personne peut être un informateur ou un agent d’un camp ou l’autre. Les rebondissements sont nombreux et Gunther sera le témoin, en de nombreuses occasions, de la cupidité et de la cruauté humaines.

Une recommandation : il faut être très attentif, surtout dans le troisième roman, aux noms et fonctions de chacun des personnages. Les agents doubles et les changements de noms sont fréquents et on risque de s’y perdre.

Ma note : 8/10

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