mercredi 3 février 2010

Dany Laferrière -- Pays sans chapeau

Lorsque Dany Laferrière a reçu le prix Médicis, en automne dernier, pour son roman L'énigme du retour, j'ai pris la décision de prendre la présente année pour lire plusieurs de ses oeuvres.

Jusqu'ici, je n'ai lu que deux de ses quatorze romans, soit Comment faire l'amour à un nègre sans se fatiguer et Le cri des oiseaux fous.
J'ai donc profité d'un passage au Costco pour mettre la main sur deux romans de Laferrière, dans la collection Boréal Compact qui réédite de grands titres de notre littérature à prix abordable.

Comme toujours -- ici je m'avance un peu car je rappelle que je n'ai pas lu beaucoup de Laferrière -- l'auteur puise largement dans son vécu pour nous proposer une histoire sur la forme d'une autofiction. Dans Le cri des oiseaux fous, il nous présentait ses dernières journées à Port-au-Prince alors que, jeune journaliste de 23 ans, il a dû quitter le pays en toute vitesse pour ne pas subir le sort de l'un de ses collègues et ami, soit d'être tué par les sbires du dictateur qui le considère comme un ennemi public du régime.

Dans Pays sans chapeau, on se retrouve vingt ans plus tard, au moment ou Laferrière retourne en Haïti pour la première fois depuis son exil. Il y retrouve sa mère et sa tante Renée, ainsi que ses deux plus grands amis de sa jeunesse.

Laferrière jette un coup d'oeil à la fois tendre et réaliste sur son pays natal, en constatant qu'en vingt ans bien peu de choses ont changé. Après le drame qui vient de se produire, ce séisme qui a détruit Port-au-Prince et plusieurs villes et villages du pays, la lecture de ce roman permet de comprendre ce qu'était le quotidien des Haïtiens. En ce sens, en plus du plaisir ludique de cette lecture, Pays sans chapeau vaut à lui seul toutes les analyses de spécialistes que nous avons pu entendre à la télévision depuis le séisme.

En passant, c'est quoi le pays sans chapeau? Citons Laferrière :  «C'est ainsi qu'on appelle l'au-delà en Haïti parce que personne n'a jamais été enterré avec son chapeau.» L'auteur se demande d'ailleurs s'il reste toujours des vivants dans ce pays, il a l'impression qu'ils sont tous morts, de quelques manières que ce soit.

Donc, magnifique lecture, une histoire racontée avec entrain, entrecoupé de nombreux sous-titres qui introduisent autant de petits moments, de petits instantanés de la vie. Je recommande chaleureusement ce roman.

Ma note : 9,0/10

4 commentaires:

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