vendredi 5 mars 2010

Dany Laferrière -- Je suis un écrivain japonais

Après avoir connu une magnifique expérience de lecture avec Pays sans chapeau, je m'attendais à revivre le même plaisir avec cet autre roman de Dany Laferrière dont le titre étrange, Je suis un écrivain japonais, est en soi le sujet principal. Malheureusement, ce ne fut pas le cas...

Je me suis retrouvé au coeur d'une histoire touffue, remplie de Japonais et de Japonaises qui apparaissent d'un peu partout, tant dans le présent que dans le passé du héros qui, comme toujours, ressemble plus ou moins à Laferrière lui-même.

Il semble que l'auteur ait voulu, par ce roman, illustrer qu'un auteur n'a pas vraiment de nationalité, qu'il prend automatiquement celui de la personne qui le lit. Son héros, écrivain comme lui, annonce à son éditeur, que son prochain roman s'intitulera Je suis un écrivain japonais, un titre qui relève plus de la blague que d'une réflexion sérieuse.

Or, tout au contraire, partout autour de l'écrivain, on le prend très au sérieux. Les Japonais en particulier s'interrogent sur ce choix d'un écrivain haïtien.  Avant même qu'il n'ait écrit une seule ligne, son futur roman devient la source de vives discussions au Japon. Des touristes japonais font la queue devant son appartement pour le photographier.

Par appât du gain, son éditeur se demande s'il ne devrait pas publier en Suède un roman intitulé Je suis un écrivain suédois. La machine s'emballe et de partout dans le monde,  des personnes s'approprient : un jeune homme défie le système en publiant un opus intitulé «Je suis un écrivain malgache». Un officier est mis aux arrêts pour avoir proclamé : «Je suis un soldat coréen»...


Je viens de constater, en vous faisant le résumé succinct du roman, que la trame était pourtant très intéressante. Le problème, c'est que je me suis perdu au travers de toutes les péripéties du héros qui semblent ne mener nulle part. En plus, dans un chapitre, Laferrière a décidé de faire un Victor Lévy-Beaulieu de lui-même en nous offrant un dialogue entre Japonais écrit d'une seule traite, sans guillemets ou tirets, qui fait qu'on doit s'arrêter de lire à toutes les deux lignes pour saisir lequel des interlocuteurs est en train de parler. Probablement que c'est un exercice de style qui a dû plaire à Laferrière mais qui impose une difficulté aux lecteurs qu'ils pourraient bien se passer.


Je me demande si la valeur de ce roman n'atteindrait pas son plein potentiel si je le relisais une seconde fois, maintenant que je commence à comprendre ses tenants et ses aboutissants. Mais n'est-ce pas une faiblesse, pour un roman, de ne pas atteindre la cible du premier coup?


Pour tout cela, par déception surtout et malgré l'écriture toujours agréable de Laferrière, j'accorde une note de 5/10 à Je suis un écrivain japonais.

Aucun commentaire: