Je me souviens très bien de la première fois où j'ai vu une oeuvre de Pierre Falardeau.
C'était au printemps 1983. Nous demeurions à cette époque en appartement et, à son habitude, ma blonde s'était couchée tôt. Après les informations de fin de soirée, Radio-Canada avait décidé de modifier sa programmation afin de présenter un court métrage qui venait de remporter un prix Génie.
C'était l'histoire d'un «Canadien françâ» qui, en compagnie de sa blonde «Lyndâ», allait passer ses vacances dans la république de Santa Banana, voyage qu'il avait remporté lors d'un concours d'imitateurs d'Elvis Presley.
Je n'ai pas besoin d'en dire plus : tous les Québécois auront reconnu ce gros colon d'Elvis Gratton, qui deviendra par la suite une véritable légende.
Sans le savoir, ce soir-là, j'ai rigolé en regardant des scènes qui allaient devenir de véritables pièces d'anthologie, des symboles connus de tous les Québécois.
Je pense à cet homme noir qui sort tout à coup d'une distributrice de monnaie en lançant : «Pas d'panique, tabarnak!».
Je pense à cette femme avec les dents brochées qui annonce à Gratton le titre du film : «Les dents de la mer!»
Je pense à cette description des Québécois à un passager suisse médusé : «Moi je suis un Canadien québécois, un Français canadien-français… Un Américain du Nord français, un francophone québécois canadien… Un Québécois d’expression canadienne –française française. On est des Canadiens américains francophones d’Amérique du Nord… Des Franco-québécois…On est des Franco-canadiens du Québec, des Québécois canadiens. C’est ça.»
Je pense à ce dictateur nain qui scande : «Finito Mickey Mouse! Finito Coca Coooola! Finito Elvis Preessley! Viva Santa Banana! Viva Augusto Ricochet!»
Falardeau fusionnera, ensuite, ce court métrage à deux autres pour former le premier de trois films qui mettront en vedette Bob «Elvis» Gratton.
Un homme de passions
Bien sûr, la carrière de Pierre Falardeau ne se limite pas aux films d'Elvis Gratton. Outre sa production cinématographique, on se souviendra également de lui comme un homme reconnu pour sa grande gueule, ses prises de position franches et son combat pour l'indépendance du Québec.
Parfois -- souvent même -- il a utilisé les mots comme de véritables poignards. À quelques occasions, il lui est arrivé de dire des énormités, pour ne pas dire des cruautés. Mais ce qu'il faudra retenir c'est l'ensemble de ses actions qui, comme pour tout homme, comprend du meilleur et du pire. Chose certaine, tout le monde reconnaîtra sa passion et son acharnement à défendre ses idées.
Et puis, pour illustrer qu'il n'était pas toujours en train de gueuler, il dira simplement : «Je suis quelqu'un de très gentil avec ceux qui ne me font pas chier!»
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