mercredi 15 août 2007

Chronique gauloise no 22

La sortie de Paris

(Paris, le 30 juin 2007) -- Avant même de prendre l’avion, je redoutais déjà avec angoisse la date du samedi 30 juin 2007. Dans notre plan de voyage, il s’agissait du jour où je devais conduire l’auto de location pour sortir de Paris en direction de Rouen…

Pour calmer mes craintes et mes doutes, je me suis préparé avec une minutie extrême, à la limite de l’obsession. Grâce au site mappy.fr – que je recommande chaudement – j’ai imprimé les itinéraires précis de chacun de mes déplacements, avec toutes les indications quasiment au mètre près. Pour visualiser la route du haut des airs, j’ai utilisé Google Earth -- un autre outil formidable pour préparer un voyage.

Ce qui n’a pas diminué mon stress – mais alors là pas du tout – c’est quand j’ai vu de quelle manière les Parisiens conduisent : on croirait un immense jeu d’autos tamponneuses à la grandeur de la ville! D’ailleurs, la quantité de véhicules bossés qui circulent dans Paris est remarquable : c’est de l’ordre de l’épidémie, rien de moins!

Lors de notre arrivée à Paris, j’avais expliqué au conducteur de taxi qu’il y a au Québec des carrefours avec un arrêt à chaque coin, les automobilistes attendant patiemment leur tour pour passer l’un après l’autre. Il nous a répondu que si cela existait à Paris, ce serait la guerre! Car, pour le conducteur parisien, il n’y pas de « Cédez le passage » qui tienne ni de priorité autre que la sienne.

Quoi qu’il en soit, tout angoissé, stressé ou peureux que je puisse me sentir, je n’ai pas le choix, je devrai affronter la jungle routière de Paris. Nous voilà donc en route vers la gare Saint-Lazare – encore une sainte fois! – pour aller chercher la Renault Clio, diesel, quatre portes, air climatisé, radio am/fm/CD réservée à notre nom. Après les formalités d’usage, nous nous rendons dans le stationnement souterrain, prenons possession de la bagnole et en avant l’aventure!

Au départ, je ne prévois pas avoir trop de problèmes pour me rendre à l’hôtel chercher nos valises. C’est presque en ligne droite jusqu’à la rue Saint-Honoré qu’il faudra tout simplement prendre à gauche. Malgré tout, ma blonde surveille le tout à l’aide de l’itinéraire imprimé et, surtout, m’informe de la présence de chaque feu de circulation.

Il faut savoir deux choses concernant les feux de circulation en France. Premièrement, ils sont souvent à la hauteur de l’auto alors, si vous regardez en l’air comme c’est l’habitude au Québec, vous les manquez à tout coup! Deuxièmement, ils ne sont pas placés de l’autre côté de l’intersection comme par chez nous, mais environ cinq mètres avant l’intersection. Ce qui veut dire que, si vous conduisez en Québécois et que vous stoppez au coin de la rue, le feu de circulation se retrouve derrière l’auto, plus possible de le voir! C’est le klaxon du véhicule arrière qui vous indiquera que la lumière est verte!

Nous voilà rendus à l’Opéra Garnier, tout va bien nous arrivons dans le secteur de l’hôtel, un coin que nous avons marché et que nous connaissons. Mais pour une raison que j’ignore, je n’ai pas reconnu la rue Saint-Honoré et j’ai passé tout droit. Zutdezut! La prochaine, de Rivoli, est à sens unique, mais dans le mauvais sens bien sûr! Tourner à droite serait une solution mais je suis mal placé, je n’ai pas le choix de continuer tout droit. Me voilà rendu dans l’enceinte du Louvres, batince! Je suis coincé entre des autobus de touristes et des taxis qui, évidemment, ne cèdent pas un centimètre pour donner le passage.

Finalement, j’aboutis sur la rue du Quai François Mitterrand. Heureusement, je connais le coin – Bon! Vous allez me dire que je le connaissais aussi quand j’ai manqué la rue Saint-Honoré, mais je vous emmerde! (Oups! Je commence à avoir l’accent français, moi là…) – où en étais-je? Ah oui, je tourne sur la rue du Louvres, reprend de Rivoli à gauche, une autre petite rue à droite et nous nous retrouvons enfin sur Saint-Honoré.

Quelques secondes plus tard, je stationne ma bagnole « à la française » devant l’hôtel, c'est-à-dire n’importe où. (À Paris, ils ont placé des poteaux de métal tout le long des rues parce que les automobilistes se stationnaient ou circulaient carrément sur les trottoirs, c’est vous dire!)

Bon, faut sortir de Paris maintenant!

Une fois les bagages enfournés dans l’auto, je donne à ma copilote l’itinéraire pour sortir de Paris en lui disant, comme je connais bien le coin maintenant, que je ne suivrai pas les premières indications et que je prendrai un autre trajet pour atteindre le boulevard Sébastopol. À partir de là, elle pourra reprendre son rôle de guide.

Je devine ce que vous êtes en train de penser, lectrices et lecteurs de peu de foi! Vous vous dites : « Y’a encore dit qu’il connaît l’coin. R’garde ben, il va encore se tromper d’chemin ». Ben vous pouvez aller chez l’yâble (tiens, j’ai retrouvé mon accent québécois!) car, je suis arrivé pile poil au boulevard Sébastopol.

Nous avons dû affronter deux autres problèmes liés à la conduite dans Paris. Primo, où sont les noms de rues, batince! La plupart du temps, c’est une petite plaquette sur un édifice mais généralement derrière un arbre ou une marquise, quand elle n’est pas tout simplement absente. Secundo, les maudites motocyclettes à marde (je redeviens de plus en plus québécois quand je me fâche!). Elles arrivent de nulle part, ne respectent aucun règlement de la route, se faufilent comme des serpents dans la circulation.

Lors de notre arrivée à Paris, alors que nous étions coincés dans un bouchon sur l’autoroute, j’ai remarqué que notre conducteur de taxi laissait de la place aux motocyclistes pour qu’ils puissent rouler entre les rangées d’automobiles. Je lui ai demandé pourquoi? Il m’a répondu que s’il ne le fait pas, les motocyclistes vont s’essayer de passer quand même au risque d’égratigner sa bagnole ou de faire sauter un rétroviseur. Même plus, un motocycliste frustré peut sans gêne donner un coup de pied dans la portière de l’auto! Ils sont fous ces Français, comme dirait Obélix, qui est Breton…

Malgré tout, et contre toute attente, nous sommes sortis de Paris sans avoir connu le moindre pépin. Ben oui, je sais, vous êtes déçus! Vous auriez tant aimé que nous nous égarions pendant de longues heures dans les dédales parisiens. Ah! ce que vous auriez eu du plaisir de lire mes déboires. Mais, voilà, tout s’est bien passé.

Ne perdez pas espoir car, si la sortie de Paris a été sans anicroche, il en sera autrement de la rentrée à Rouen…

1 commentaire:

Le phoque au Nunavut a dit...

Cher père !
En lisant ton récit sur la circulation à Paris, ça m'a fait penser à celle dans la ville de Mexico !!! Là-bas, il y a des feux de circulation à chaque coin de rue, mais PERSONNE ne les respecte alors il y a des agents de sécurité (au moins deux à chaque interesection) qui dirige le trafic aux heures de pointe ! Donc, les feux de circulation fonctionnent sans être respectés et la circulation est toute autre que celle demandée par les feux (vous me suivez ?), les agents de la route sont au milieu de la route à faire des gestes pour contrôler la circulation (et ça fonctionne plus ou moins) sans oublier les klaxons qui ne cessent que tard dans la nuit ! Personnellement, je dirais que c'est l'un des métiers les plus stressants au monde ! Et aussi, il faut être courageux comme conducteur pour s'aventurer dans les rues de Mexico! Voilà, c'était ma tranche de vie. Et en passant, ici à Iqaluit, les automobilistes s'arrêtent automatiquement dès qu'ils voient un piéton qui veut traverser. C'est assez surprenant pour moi qui suis habituée à traverser aux intersections. Ici, le piéton est roi. Le contraire de Paris à ce que j'ai cru comprendre!
À bientôt !