vendredi 18 septembre 2009

Daniel Pennac -- Chagrin d'école

Écrivain mondialement reconnu, Daniel Pennac prétend toutefois, dans cette oeuvre qui relève à la fois de l'essai et de l'autobiographie, qu'il était un cancre de tout premier ordre à l'école. En fait, il avoue qu'il lui a fallu un an pour assimiler la seule lettre «A», ce qui a fait dire à son père qu'il finira par connaître tout l'alphabet au bout de 26 ans!


Heureusement, Pennac soutient que grâce à la passion de quelques professeurs pour leur métier, il a pu sortir de sa «cancritude» pour réussir ses études, devenir lui-même un professeur puis un écrivain.

Dans Chagrin d'école, Pennac s'interroge justement sur le sort de ceux qu'on appelle les cancres au coeur du système d'éducation. Bien souvent, ces élèves mésadaptés au système, sans être pour autant dépourvu d'intelligence, finissent par trouver plus facile de jouer les cancres plutôt que de faire les efforts pour apprendre. De toute façon, de tous les côtés, on ne cesse de leur répéter qu'ils n'apprendont jamais quoi que ce soit, alors pourquoi se forcer.

Pennac dit qu'il a été rescapé par des professeurs passionnés qui ne l'ont jamais catalogué comme cancre et qui lui ont tout simplement donné... de l'amour, de l'attention. Et des profs comme ceux-là, il y en a plus qu'on pense. «Tout le mal qu'on dit de l'école nous cache le nombre d'enfants qu'elle a sauvés des tares, des préjugés, de la morgue, de l'ignorance, de la bêtise, de la cupidité, de l'immobilité ou du fatalisme des familles».

Selon Pennac, le cancre doit être traité au moment présent. «Seulement, pour que la connaissance ait une chance de s'incarner dans le présent d'un cour, il faut cesser de brandir le passé comme une honte et l'avenir comme un châtiment». Combien d'enfants ont été ainsi démolis à grands coups de «tu n'as jamais rien fait de bon» et de «tu ne feras jamais rien de bon».

Parfois, on se demande si Pennac ne succombe pas à la pensée magique en ce qui concerne les possibilités de sauver les cancres d'un destin qu'on leur écrit à l'avance. Par contre, l'idée de Pennac n'est pas de les sauver contre leur gré, mais plutôt de les aider à «devenir» en leur permettant d'utiliser ce qu'ils ont. On ne peut les changer, mais on peut tout simplement leur redonner confiance en leurs moyens. Et il reste lucide en acceptant l'idée que certains d'entre eux ne pourront jamais réussir.

Pour terminer, il est particulièrement bizarre que Pennac ait reçu pour Chagrin d'école le Prix Renaudot 2007 dans la catégorie Roman. Ce n'est pas un roman. Mais je suis sans doute un peu trop cancre pour être à la hauteur de l'intelligence des bonzes bardés de diplômes qui siègent sur des jurys littéraires...

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